Jacques-Rémy Girerd évoque son film "Tante Hilda !"

Auteur, réalisateur et producteur de films d'animation depuis plus de 30 ans, Jacques-Rémy Girerd a marqué le public avec des oeuvres originales et étonnantes.

Jacques-Rémy Girerd : un talent reconnu

Après des études aux Beaux-arts, il fonde sa société de production : Folimage. Il réalise ensuite des courts et moyens métrages comme "L'enfant au grelot", grand succès adapté ensuite pour le théâtre.

En 2003, il réalise son premier long-métrage, "La prophétie des grenouilles", plébiscité par la critique. Cinq ans plus tard, le jeune public découvre son second bijou : "Mia et le migou", l'histoire tendre d'une fillette et d'une créature hors du commun.

D'où vient Tante Hilda ?

Cette année, c'est à une femme qu'il s'intéresse : une certaine Tante Hilda, botaniste militant pour la protection de l'environnement. Attachante, drôle et au caractère bien trempé, elle est entraînée malgré elle dans une histoire rocambolesque...

Comment Jacques-Rémy en a-t-il eu l'idée ? Comment est-il passé à la réalisation ? Quel message se cache derrière cette histoire ? L'artiste répond à toutes ces questions dans une interview exclusive consacrée à CitizenKid...

Article créé par Charlotte Loisy le 30 janv. 2014

CitizenKid : Après "La prophétie des grenouilles" et "Mia et le migou", comment vous est-venue l'idée de "Tante Hilda !" ? Existe-t-elle dans la réalité ?

J.R. Girerd : Non, non. Ce sont des personnages de création. J'avais fait des films avec des enfants, avec un vieux marin... Là, mon idée de départ c'était de faire un film avec deux femmes. Je voulais des héroïnes féminines. Mais je pense que tout le monde va aimer Tante Hilda. C'est un peu notre tata, notre tati à tous. C'est quelqu'un qui est chaleureux, qui écoute, qui comprend, qui soulage, qui protège. On a tous quelqu'un un peu comme ça dans nos familles. Elle est célibataire, son univers familial est ouvert. Elle pourrait devenir la femme de tout le monde. Ce personnage, on l'a tous dans son coeur.

CitizenKid : Comment s'est passé le tournage, et plus particulièrement, l'enregistrement des voix ?

J. R. Girerd : Depuis 33 ans que je fais ce métier, j'enregistre toujours les voix en premier. Parce que ce sont des vraies voix de création. Et les artistes, les comédiens et comédiennes (ndlr : Sabine Azéma et Josiane Balasko pour les personnages principaux de ce film), sont complètement libres d'interprèter comme ils veulent... enfin, sous ma direction tout de même. Les voix ont un potentiel de création de 100%. Ce qui n'est pas le cas avec la post-synchronisation où il faut suivre les lèvres que vous voyez sur l'écran. Il faut aussi suivre une bande rythmo. Tout est cadré, formaté. Là, il n'y a pas de cadre, hormis le cadre de la création. Et ça donne des résultats incroyablement plus intéressants.

CitizenKid : Laissez-vous la place à l'improvisation lorsque vous dirigez les comédiens ?

Pas tellement à l'improvisation, mais à l'interprétation oui. Parfois il peut y avoir un mot qui sort en plus, et finalement on le garde. Mais c'est quand même très très écrit à l'avance.

CitizenKid : Quelle réaction ont eu les enfants en voyant le film ?

J.R. Girerd : Nous avons fait une dizaine d'avant-première déjà. Et tous les publics adorent ! On sent qu'il y a une adhésion immédiate. Parce que ce film parle aux enfants et parle aux adultes. Ce n'est pas comme certains films provoquant un beau feu d'artifice qui s'éteint immédiatement après la fin. Là, il y a une espèce de communication qui s'établit entre les personnages et le spectateur. Ce n'est pas que de l'amusement.

CitizenKid : Quel est le message que vous souhaitez faire passer aux enfants ?

J.R. Girerd : Ce n'est pas vraiment un message que je veux faire passer. C'est plutôt une envie de montrer aux spectateurs, aux enfants comme aux adultes, des situations qui font réagir et devant lesquelles on doit prendre position. C'est une aide à grandir mon film. On doit se positionner, c'est à nous de trouver la morale, c'est à nous de trouver l'éthique dans ce film. Je ne dis pas comment le monde doit marcher. J'essaie simplement de trouver une matière pour permettre aux gens de mieux le comprendre. Enfin, c'est avant tout une comédie ce film ! Ce n'est pas quelque chose de cadré, de fermé, de sérieux. On vit une histoire et cette histoire nous interroge sur notre monde : sur la politique, sur l'argent, sur le commerce, sur la famille, sur la maladie, sur l'écologie, sur la science... Je fais un film aussi bien en tant qu'artiste qu'en tant que citoyen.

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