10 ans de créations pour le jeune public

CK : En 10 ans, quelle est la pièce, parmi toutes vos créations, qui a eu le plus d'impact auprès de ce jeune public ?

ND : A mon avis, je pourrais en choisir deux ! Si je pense aux réactions, celle qui a eu le plus de succès est certainement "L'Arbre" (2005/2006), qui possédait justement cette forme non nécessairement issue de la tradition verbale. Mais du côté du monde du spectacle, c'est surement "Yaël Tautavel ou l’enfance de l’art" (2006/2007) qui a eu le plus de succès (dont une nomination aux Molières 2007). Ces deux spectacles donnent bien deux idées de la réaction du public. Deux impacts contradictoires finalement. "L'Arbre" n'a pas été accueilli de la même façon par les journalistes et le public. Entre temps, il y a eu "Terre" qui lui aussi a été nominé aux Molières...

CK : Que souhaitez-vous faire passer dans vos spectacles, à destination d'une nouvelle génération ?

ND : Je n'ai jamais eu la prétention de lancer des messages ou de dire des vérités. Par contre, j'ai une grande envie de montrer sur scène, aux enfants et à leurs parents, les contradictions mythiques de la vie, les choses essentielles. C'est pour cela que le théâtre que je fais, on me le dit souvent, passe par les émotions, la sensibilité, le rêve, la poésie... Mon théâtre n'est pas un théâtre de la raison. Je cherche des choses qui passent au-delà : la vie, la mort, l'amour, la guerre, la trahison, l'amitié, la souffrance, la joie... Je veux les montrer avec honnêteté. Sans trahir les enfants, ces adultes en devenir : à travers mes spectacles, je ne leur mens jamais, je reste simplement prudent, mais je ne cache pas les choses. Je ne me mets pas non plus à leur place : en tant qu'adulte, nous ne pouvons plus nous mettre à leur place. On le ferait avec une attitude de composition, en imaginant ce qu'on a été en étant enfant. Globalement, au cœur de notre travail au TNG, tout va dans cette direction qui n'est pas infantilisante.