D’All Hallows’ Eve à Halloween

Au fil des siècles, les traditions païennes se sont mêlées aux célébrations chrétiennes, donnant progressivement lieu à une nouvelle dimension à cette fête.

Au IXe siècle, le pape Grégoire IV déplace la Toussaint, auparavant célébrée après la Pentecôte, au 1er novembre, afin d’honorer tous les saints. La veille devient alors “All Hallows’ Eve”, soit la veille de tous les saints.

Les rites celtiques se mêlent peu à peu aux coutumes religieuses : les feux de joie restent allumés, mais les prières pour les défunts remplacent les offrandes. Les croyances anciennes persistent et la nuit du 31 octobre garde une aura mystérieuse.

C’est au XVIe siècle, en Écosse, que le terme “Halloween” apparaît pour la première fois, né de la contraction d’“All Hallows’ Eve”.

Jack-o'-Lantern : l’influence américaine

Au XVIIIe siècle, la légende du Jack-o’-Lantern se répand en Irlande. Elle raconte l’histoire de Jack, un homme rusé qui trompe le diable à plusieurs reprises. Rejeté du paradis comme de l’enfer à sa mort, il est condamné à errer éternellement avec pour seule lumière une braise enfermée dans un navet creusé.

Pour éloigner les mauvais esprits, les habitants sculptent à leur tour des visages grimaçants dans des navets ou des betteraves, où ils placent une bougie.

Au milieu du XIXe siècle, une importante famine pousse de nombreux Irlandais et Écossais à émigrer vers les États-Unis, emportant leurs traditions avec eux. Sur le sol américain, les navets ne sont pas cultivés. Ils découvrent alors la citrouille, plus grosse et plus facile à sculpter : elle remplace naturellement les navets et devient l’emblème d’Halloween.

La fête prend alors une tournure plusconviviale et populaire. Dans les années 1920, naît la tradition du “trick or treat” (“un bonbon ou un sort”). Les enfants défilent de maison en maison, déguisés en fantômes, monstres ou sorcières, pour récolter des friandises.

Si de nos jours, le trick-or-treating est une tradition solidement ancrée dans de nombreux pays, on oublie souvent qu'elle possède également une origine sociale. Tout comme lors des origines de la fête de Samhain, ce moment permet aux communautés de se réunir, oubliant les barrières de classe sociale.

Le choix des bonbons n'est pas le fruit du hasard. Depuis longtemps, ces sucreries sont associées aux festivités et aux célébrations. Autrefois rares et précieuses, elles représentaient un véritable trésor, notamment pour les enfants. Avec l'industrialisation et la production en masse, les confiseries sont devenues bien plus accessibles et ont naturellement pris leur place comme symbole de partage et de réjouissance.

Les décorations effrayantes, les parades et les soirées costumées s’imposent dans tout le pays. C’est aux États-Unis que Halloween prend la dimension festive et visuelle que nous connaissons aujourd’hui.

Halloween : la fête aujourd’hui

Halloween est désormais une fête internationale, célébrée aussi bien en Amérique qu’en Europe. En France, elle renaît dans les années 1990, portée par le cinéma et les marques, avec ses déguisements, décorations et animations familiales.

Au-delà des friandises, Halloween s’invite dans la culture populaire : films, séries, jeux vidéo et parcs à thème s’inspirent de son univers mêlant frissons et humour. De “L’Étrange Noël de Monsieur Jack” à “Hocus Pocus”, les références à Halloween se multiplient et séduisent toutes les générations.

En Irlande, berceau de Samhain, les traditions celtes continuent d’être célébrées à travers de grands festivals :

• Derry Halloween en Irlande du Nord, où la ville fortifiée devient le théâtre de défilés et installations artistiques

• Púca Festival, dans l’est du pays, qui fait revivre le folklore ancestral à travers spectacles et rituels

• Bram Stoker Festival à Dublin, hommage au créateur de Dracula, qui mêle littérature, musique et célébration d’Halloween.

D’une fête du feu et des esprits à une célébration joyeuse et costumée, Halloween a traversé les siècles sans perdre sa magie, entre traditions ancestrales et plaisir partagé.